Le Paradis est sur terre. J’y plante mon décor avant de jouer au pessimiste, avant de construire mon désespoir éphémère. C’était beau à voir. J’ai fait la guerre au bonheur. Je la continue toujours. Une bataille de mon corps sur le temps, en conflit avec le présent continu. Je le laisse prendre le temps de regarder danser l’ombre qu’il produit par la course du soleil. Une ombre qui s’allonge et s’adoucit car, ici, ce n’est pas l’ombre qui nous inquiète. Une défaite imprévisible s’est imposée à moi : la lumière. Une lumière si intense aujourd’hui que nous en sommes à midi. L’ombre est au plus court. Nous en avons toujours rêvé : être autant éclairé, éradiquer l’ombre à oublier qu’elle était entrain de nous brûler. Cette lumière devenue aveuglante ne me reflétait plus. J’ai commencé à jouer avec l’interrupteur. Les gens ont ri et, cette fois là, j’ai ri pour faire comme les autres car je n’ai pas compris. La part d’ombre en moi continue à regarder cette lumière, simplement parce que c’est beau. Je m’arme de lunettes et je ris parce qu’il n’y a rien à comprendre : mon château s’est écroulé, enfin. Fin de journée. Demain il fera jour.